lundi 23 février 2009

Enseigner la grammaire autrement

Madame Suzanne-G. Chartrand propose d’intégrer une nouvelle méthode d’enseignement de la grammaire au Québec qui a entre autres fait ses preuves dans l’enseignement de la langue française en Suisse romande. Il s’agit d’une démarche active de découverte de la grammaire. L’objectif d’une méthode d’enseignement de la grammaire est d’amener l’élève à maîtriser les règles de construction des phrases et des textes ainsi que les règles orthographiques afin qu’il puisse éventuellement développer ses compétences en lecture, en écriture et en communication orale. Il doit connaître la règle (connaissances déclaratives), savoir comment l’utiliser (connaissances procédurales) et quand l’utiliser (connaissances conditionnelles). Or, Chartrand déplore le fait que la méthode préconisée actuellement dans nos écoles n’offre que peu d’outils aux élèves pour résoudre les problèmes qui se présentent à eux dans les différents contextes langagiers. D’une part, on leur montre souvent qu’une seule stratégie possible, alors qu’il en existe plusieurs. D’autre part, on utilise des exemples simplifiés et stéréotypés pour leur démontrer une règle, ce qui limite leur compétence lorsqu’ils se trouvent devant des cas particuliers. La solution serait de privilégier une méthode expérimentale de la langue où l’élève serait appelé à construire sa compréhension de la grammaire en manipulant la langue et en s’exerçant avec tous les cas possibles. Il pourra lui-même constater les mécanismes de la langue grâce à l’observation et l’expérimentation. Il ne s’agit donc pas de faire assimiler des connaissances abstraites sur la langue mais de «développer un esprit de recherche et d’interrogation face au langage qui fait déjà partie de la vie de l’élève»[1]. Ce dernier doit d’abord observer un corpus de langue sur lequel il fera quelques manipulations et transformations (déplacement, substitution, addition, soustraction, etc.). Il essaiera ensuite de proposer certaines hypothèses explicatives, qui, si elles s’avèrent généralisables, se traduiront en règles. Ces dernières seront finalement mises à l’épreuve dans le plus grand nombre de contextes linguistiques (exercisation). Ces nouvelles connaissances seront finalement transférées dans des compétences connexes, notamment en compréhension et production de textes. Bien évidemment, un métalangage approprié doit être enseigné pour fournir un outil d’analyse adéquat aux élèves. Cette approche d’enseignement comporte, certes, des limites. En faisant appel à l’intuition, l’élève doit avoir une certaine expérience de la langue écrite. De plus, cette démarche demande beaucoup de temps parce qu’elle exige une période de tâtonnement. Pour travailler la langue de la sorte, l’enseignant doit également développer d’excellentes connaissances grammaticales. Il doit aussi supporter le fait d’être en situation de doute devant la classe. Or, Chartrand considère qu’à long terme, ces efforts seraient grandement récompensés par une maîtrise solide et durable des règles de la grammaire par les élèves.



[1] Chartrand, S.-G. (2003) La grammaire au cœur du texte. Québec français p.10-12

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