lundi 27 avril 2009

Commentaires sur les exposés du 21 avril 2009

Caroline Lavoie

Comparaison grammaire littéraire et grammaire classique sur la description de l’adjectif

Je crois que d’amener la perspective d’une grammaire littéraire était extrêmement intéressante. L’analogie contenue dans le texte d’Érik Orsenna était savoureuse et se prêtait bien à un enseignement au niveau secondaire. Je demeure convaincue que d’illustrer métaphoriquement des concepts est un bon moyen de non seulement captiver l’attention des élèves, mais d’allier la mémoire épisodique à la mémoire sémantique (excellent moyen mnémotechnique). L’adaptation de Caroline était empreinte d’humour et d’esprit. L’histoire de Soleil et Race résumait bien les éléments de l’exposé, notamment les différents aspects sémantique (qualifiant mélioratif, péjoratif ou neutre), morphologiques et syntaxiques.

Sabrina et Jean-Philippe

Malgré le fait que cette approche se rapprochait beaucoup de l’enseignement traditionnel du participe passé, je crois que qu’il n’en demeure moins que la méthode avait sa propre couleur, sa propre originalité. La méthode par étapes avec des aide-mémoire pour les cas particuliers, les questions à poser semble efficace. Je sais par expérience qu’il faut commencer par donner des pistes à l’apprenant, pour ne pas qu’il se décourage devant la complexité du phénomène. J’ai encore une fois adoré la petite histoire de Participe passé, un petit garçon en vacances dans un village, qui s’entend donc s’accorde avec un petit garçon nommé Être, mais ne s’accorde pas avec avoir, sauf quand marraine C.O.D. est devant la maison. J’ai déjà manifesté mon allégeance à se genre d’approche. L’exercice de dictée trouée est sans doute efficace, mais avec des élèves plus âgés, capables de rédigés un texte comportant des participe passés employés correctement. L’échange de copie et la discussion entre élèves sur les participes passé est une approche assez innovatrice, qui permet d’intégrer un certain apprentissage par la découverte dans une méthode traditionnelle.

Sarah

Variétés de français

J’ai bien aimé avoir plusieurs exemples Jeannois et Saguenéens de la valeur sociale accordée aux mots. L’exposé présentait plusieurs exemples des registres de langue et j’ai trouvé intéressante la façon de définir entre autres les registres familier, populaire et vulgaire (respectivement vocabulaire employé lorsque les gens se connaissent bien, vocabulaire employé par les gens peu scolarisé et vocabulaire qui transgresse les normes sociales). Cette présentatique a été une prise de conscience de la valeur sociale de certains mots.

Suzie

C’est une excellente illustration de la démarche active de découverte qui nous est peu familière en linguistique. Les étapes détaillées m’ont aidé à réellement avoir une idée de l’application de la règle à une règle incontournable comme celle du participe passé. Pour ceux qui ignorent qu’est-ce que la DADD , voici la démarche qui a été présentée par Suzie :
Étape 1 : Manipulation des énoncés et formulation des hypothèses
Étape 3 : vérification des hypothèses.
Étape 4 formulation des lois, de régularités, ou de règles et l’établissement de procédures
Étape 5 : Excercisation
Ex : écrire texte, échanger les copies
Étape 6 : le réinvestissement contrôlé
Ex : exposé oral avec principales difficultés
Conclusion : émergence capacités métalinguistiques
Je considère cependant que l’exposé oral est peut-être un peu trop difficile à produire pour des gens tout juste initiés. Cela nécessite une très bonne maîtrise du phénomène à l’étude. Je trouve cependant la DADD très prometteuse pour les nouveaux enseignants

Marie-Claude

La ponctuation (particulièrement la virgule)
Marie-Claude a fait un travail très exhaustif sur ce sujet complexe. D’abord, nous avions une excellente vue d’ensemble avec une comparaison des trois grammaires, soit celles de Grévisse, de Riegel et de Chartrand. Elle a réussi habilement à synthétiser un contenu très complexe et variable sur la virgule en un seul tableau. À mon humble avis, il s’agit d’un tour de force. L’exposé était davantage orienté dans une perspective linguistique que didactique, mais le tableau synthèse pourrait tout de même être utilisé à des fins d’enseignement.

mardi 21 avril 2009

Leçon de pronominalisation en français, langue étrangère

Voici une leçon sur la pronominalisation en français, langue étrangère. Ma collègue Catherine Leblanc et moi avons conçu une présentatique qui s'intégre à merveille dans un processus d'apprentissage d'une langue. Étant donné qu'elle s'adresse principalement aux adolescents, nous avons pensé intégrer le concept de norme en le comparant à la mode, une norme sociale à laquelle les jeunes sont extrêmement sensibilisés. De plus, la visite guidée de Francochic, une ville virtuelle sollicite à la fois la mémoire sémantique et épisodique, ce qui est l'un des meilleurs moyens mémotechnique que l'on connaisse. Plutôt que de prescrire et proscire des usages, initiez vos élèves à la francovogue de Francochic!

Présentatique : http://sd-1.archive-host.com/membres/up/167315962244606657/pronominalisation_Malik_et_Cath.pdf

Corrigé des excercices: http://sd-1.archive-host.com/membres/up/167315962244606657/Corrige_des_exercices_de_pronominalisation.pdf

lundi 23 février 2009

Enseigner la grammaire autrement

Madame Suzanne-G. Chartrand propose d’intégrer une nouvelle méthode d’enseignement de la grammaire au Québec qui a entre autres fait ses preuves dans l’enseignement de la langue française en Suisse romande. Il s’agit d’une démarche active de découverte de la grammaire. L’objectif d’une méthode d’enseignement de la grammaire est d’amener l’élève à maîtriser les règles de construction des phrases et des textes ainsi que les règles orthographiques afin qu’il puisse éventuellement développer ses compétences en lecture, en écriture et en communication orale. Il doit connaître la règle (connaissances déclaratives), savoir comment l’utiliser (connaissances procédurales) et quand l’utiliser (connaissances conditionnelles). Or, Chartrand déplore le fait que la méthode préconisée actuellement dans nos écoles n’offre que peu d’outils aux élèves pour résoudre les problèmes qui se présentent à eux dans les différents contextes langagiers. D’une part, on leur montre souvent qu’une seule stratégie possible, alors qu’il en existe plusieurs. D’autre part, on utilise des exemples simplifiés et stéréotypés pour leur démontrer une règle, ce qui limite leur compétence lorsqu’ils se trouvent devant des cas particuliers. La solution serait de privilégier une méthode expérimentale de la langue où l’élève serait appelé à construire sa compréhension de la grammaire en manipulant la langue et en s’exerçant avec tous les cas possibles. Il pourra lui-même constater les mécanismes de la langue grâce à l’observation et l’expérimentation. Il ne s’agit donc pas de faire assimiler des connaissances abstraites sur la langue mais de «développer un esprit de recherche et d’interrogation face au langage qui fait déjà partie de la vie de l’élève»[1]. Ce dernier doit d’abord observer un corpus de langue sur lequel il fera quelques manipulations et transformations (déplacement, substitution, addition, soustraction, etc.). Il essaiera ensuite de proposer certaines hypothèses explicatives, qui, si elles s’avèrent généralisables, se traduiront en règles. Ces dernières seront finalement mises à l’épreuve dans le plus grand nombre de contextes linguistiques (exercisation). Ces nouvelles connaissances seront finalement transférées dans des compétences connexes, notamment en compréhension et production de textes. Bien évidemment, un métalangage approprié doit être enseigné pour fournir un outil d’analyse adéquat aux élèves. Cette approche d’enseignement comporte, certes, des limites. En faisant appel à l’intuition, l’élève doit avoir une certaine expérience de la langue écrite. De plus, cette démarche demande beaucoup de temps parce qu’elle exige une période de tâtonnement. Pour travailler la langue de la sorte, l’enseignant doit également développer d’excellentes connaissances grammaticales. Il doit aussi supporter le fait d’être en situation de doute devant la classe. Or, Chartrand considère qu’à long terme, ces efforts seraient grandement récompensés par une maîtrise solide et durable des règles de la grammaire par les élèves.



[1] Chartrand, S.-G. (2003) La grammaire au cœur du texte. Québec français p.10-12

Capsule grammaticale: les majuscules

Voici un aide-mémoire des règles d'emploi de la majuscule en français. En cliquant sur le lien qui suit, vous pourrez consulter un tableau comparatif de trois grammaires différentes, un outil élaboré avec la collaboration de ma collègue Catherine Leblanc. Encore une fois, nous avons une démonstration des divergences de points de vue des grammairiens sur «le bon usage».

http://sd-1.archive-host.com/membres/up/105468654531655714/Difficultes_de_la_langue_1_.pdf

De Villers, M.-É. La grammaire en tableau, nouvelle édition mise à jour et enrichie. Édition Québec/Amérique, 1995 p.91

RIEGEL,Martin,PELLAT,Jean-Christophe et RIOUL,René, Grammaire méthodique du français,Paris, Quadrige/Presses Universitaires de France, 4e tirage 2007, pages 74-75.

CHARTRAND,Suzanne et les autres.Grammaire pédagogique du français d'aujourd'hui,Montréal, Publications Graficor Chenelière Éducation,1999, pages 125-126.

mardi 3 février 2009

La Grammaire françoise d'Oudin

Biographie d’Antoine Oudin
Antoine Oudin était un linguiste français lors du 17ème siècle. Son père, César, était interprète et secrétaire pour le roi Henri IV. Antoine lui succéda pour devenir à son tour interprète pour la cour de Louis XIII. Le roi l’envoie en mission en Italie et c’est alors qu’il se lie d’amitié avec le pape Urbain VIII.
Tout au long de sa vie, Oudin a écrit plusieurs grammaires et dictionnaires. La grammaire françoise qu’il a écrit avait comme but de montrer la langue française en tant que langue étrangère mais elle est également conçue pour établir un « bon usage » de la langue, comme quoi la grammaire prescriptive date de loin!
En plus de cet ouvrage, Antoine Oudin a beaucoup travaillé sur les langues étrangères apparentées au français, comme l’italien et l’espagnol. Il a publié plusieurs ouvrages de linguistique ainsi que plusieurs dictionnaires bilingues. Voici donc la bibliographie[1] d’Antoine Oudin :
- Curiosités françoises, pour servir de complément aux dictionnaires, ou recueil de plusieurs belles propriétés, avec une infinité de proverbes et de quolibets pour l'explication de toutes sortes de livres (Rouen 1649, 1656)
- Grammaire françoise rapportée au langage du temps (Paris 1633, Rouen 1645) Recherches italiennes et françoises, ou Dictionnaire contenant outre les mots ordinaires, une quantité de proverbes et de phrases pour l'intelligence de l'une & l'autre langue. Avec un abrégé de grammaire italienne (Paris 1640)
- Trésor des deux langues espagnole et françoise, ou dictionnaire espagnol-françois et françois-espagnol (Paris 1645)
- Histoire des guerres de Flandre, traduite de l'italien du cardinal Bentivoglio (Paris 1634)
Antoine Oudin a même enseigné l’italien au roi Louis XIV (1651), qui après avoir tombé amoureux d’une Italienne, laissa tomber son dédain de l’instruction et se décida à apprendre cette langue. Il mourra peu de temps après, le 11 février 1653.

La graphie
Les caractères d’imprimerie utilisés sont différents de ceux que l’on retrouve actuellement dans les grammaires. Les caractères sont de style romain mais ils comportent toutefois certaines particularités sans doute inspirés des caractères italiques et gothique-cursif qui les ont précédés. À peine deux siècles après Gutenberg, les formes semblent fortement influencées par l’écriture manuscrite. Ainsi, comme à l’écrit, le graphème utilisé pour «s» s’apparente beaucoup à celui du «f». Par ailleurs, le z est utilisé au lieu du s comme signe du pluriel. Le symbole & remplace systématiquement le coordonnant «et». Le tilde est aussi utilité sur les voyelles pour marquer les sons nasals. Oudin compte 22 lettres, soit l'alphabet latin, sans le K . Les lettres J, U, W n’existent pas. Il y a peu d’accents (que quelques accents aigus) et de signes de ponctuation. Le tréma vient d’apparaître pour séparer les voyelles. En 1542, le grammairien Meigret avait proposé d'allonger le i pour distinguer i et j correspondant à 2 sons différents. On écrivait alors iurer pour jurer. En 1548, Ervé Fayard eut l'idée de distinguer u et v (ce dernier écrit comme une petite majuscule). On écrivait alors uiande pour viande. Ce n'est qu'en 1762 que l'Académie a séparé i de j et u de v ; jusque là, les lettres étaient utilisées sans distinction, et seule la place dans le mot indiquait la prononciation. Les imprimeurs pourtant faisaient souvent la distinction au XVIème siècle, mais l'usage manuscrit restait archaïque au XVIIème[2]. Mentionnons également que les sons ois sont devenus des sons ais, notamment à l’imparfait. Les terminaisons maintenant en «i» étaient jadis en «y» (ex : moy = moi).
Comparaisons et évolution de la langue
Comme la grammaire de Riegel, celle d’Oudin débute avec la composante phonétique de la langue. Il énumère chaque graphème et indique les différentes prononciations, selon ses contextes d’apparition à l’écrit. Étant donné que cet ouvrage est destiné aux apprenants du français, langue étrangère, il utilise la comparaison avec d’autres langues pour illustrer les différents sons de la langue française. (souvent l’allemand). Il fait même une leçon de prosodie en indiquant les accents toniques sur les mots. Il aborde le sujet de l’apostrophe et de l’élision et ensuite celui de la syntaxe. Il commence par l’emploi de l’article (accusatif, nominatif, etc), celui de l’adverbe, en précisant les combinaisons possibles. Il fonctionne par sujet mais surtout par énumération des lettres et de mots de la langue. Elle semble davantage perçue comme une liste de mots qu’un système. Elle ressemble presque, à certains moments, à un dictionnaire. Il élabore par exemple une liste de locutions verbales comme étant des cas d’emploi du nom sans l’article (ex : fausser compagnie). Il évoque les flottements de la langue notamment en ce qui a trait au genre des noms (genre douteux). Il prend souvent position(ex : plus à propos au masculin). Il semble soucieux de trouver des règles et des régularités dans la langue pour le genre des mots, pour former le pluriel, le féminin. (ex : finissant par un m, c’est masculin). Or, les grammaires d’aujourd’hui, telle que celle de Riegel, disposent de plus de termes métalinguistiques, un langage commun, pour décrire la langue. Dans les grammaires d’autrefois, on exposait à l’aide d’exemples, des régularités tirées de l’observation de la langue par l’auteur. La grammaire de Riegel est très théorique et elle n’est supportée que par quelques exemples. Celle d’Oudin, quant à elle, présente tous les cas possibles mais ne propose que quelques règles. Pour conclure, la Grammaire françoise est un excellent modèle de base de la grammaire connue d’aujourd’hui. La structure et la forme sont semblables mais elles sont maintenant plus évoluées au niveau des règles et de la métalinguistique. À l’instar de la langue, les grammaires ne cessent d’évoluer.
[1] Source de sa biographie et de ses œuvres : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Oudin
[2] Tiré de : http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/orthog.htm

Tableau des liaisons en langue française


Qu'est-ce qu'une grammaire ouverte?

Une grammaire ouverte est une grammaire qui présente une certaine capacité d’adaptation, qui considère objectivement les divers points de vue sur les aspects de la langue qui sont source de controverses. Elle s’oppose ainsi aux visions puristes et accepte les changements souvent tributaires de l’évolution de la langue parlée. En effet, il est souvent arrivé dans l’histoire des grammaires d’avoir à s’ajuster à la langue du «peuple». Le français, a d’abord été considéré comme une langue sans règle, une forme de latin dégénéré ne justifiant l’élaboration d’aucune description grammaticale. La langue est transmise de génération en génération et demeure vivante et en constante mouvance. Conséquemment, il vient qu’à se creuser un écart entre l’oral et l’écrit, surtout pour les gens moins bien nantis qui n’ont pas accès à l’éducation et échappe à l’uniformisation de la langue permise par l’apprentissage de la grammaire. Il s’ensuit souvent d’une généralisation d’un usage populaire. Par exemple, les grammairiens ont eu à complexifier la grammaire au 18e siècle puisque les enfants du peuples éprouvaient des difficultés orthographiques parce qu’il ne prononçaient plus certaines voyelles longues. (créant des problèmes orthographiques, entre autres pour le s- final de corps et de temps) Lorsque l’on parle de grammaire ouverte, il faut non seulement considérer ce caractère évolutif de la grammaire mais aussi son caractère relatif. Une grammaire ouverte se construit donc avec un esprit de synthèse des grandes régularités. Les règles ne sont pas présentées comme formelles et indiscutables; les auteurs sont conscients qu’elles sont susceptibles d’être contestées (et souvent ceux-ci présentent différents points de vue) et éventuellement révisées.